Le BTP version américaine !
L’entreprise Colas, spécialisée dans les travaux routiers, est numéro 2 du secteur aux Etats-Unis. Installée il y a 40 ans, elle est présente dans une vingtaine d’Etats, de l’Alaska à l’Ohio en passant par le Dakota du Sud.
Jean Vidal est depuis trois ans le PDG de Colas aux Etats-Unis, dont le siège est situé à Morristown dans le New Jersey. Ses observations ne manquent pas d'intérêt:
1/ S’adapter à la culture américaine
“Il faut oublier le management à la française!”, insiste Jean Vidal. La forme est très importante ici, il faut être toujours positif. Par exemple, si un travail est mal fait, on dira : ‘c’est très bien mais peut-être qu’on pourrait le faire différemment’“. L’entreprise compte 6 000 salariés aux Etats-Unis, dont une vingtaine de Français seulement. “On reste toujours dans la maîtrise et il faut reconnaître que c’est plus vivable que la méthode française“.
2/ Remporter un appel d’offres
Même procédure aux Etats-Unis et en France : publication de l’appel d’offres, étude de ce dernier et réponse avec proposition chiffrée. “La grosse différence c’est qu’ici seul le prix compte. Il faut juste être le moins cher”, explique Jean Vidal. Pour être compétitif, Colas fait baisser sa facture en étant propriétaire d’une soixantaine de carrières de granulats, ce qui lui permet de disposer de ses propres ressources en matières premières. L’entreprise utilise aussi de plus en plus les matériaux de démolition recyclés.
3/ Investir dans les ressources humaines
“On mise sur le long terme pour attirer les meilleurs, explique Jean Vidal. On n’offre pas un job, on offre une carrière“. L’entreprise a choisi d’investir dans ses salariés pour les fidéliser : “On propose une formation continue à tous ceux qui désirent grimper les échelons“. Colas propose par ailleurs une assurance santé abordable pour toute la famille et une politique de salaire intéressante pour le bâtiment (deux à trois fois plus que le salaire minimum dans le secteur).
4/ S’adapter aux politiques nationales
Colas répond aux appels d’offres des Etats, des comtés et des collectivités locales, sans oublier les travaux dans le secteur privé (grandes surfaces et lotissements). Si Washington passe très peu de commandes, c’est pourtant là que se joue la politique nationale en matière de travaux publics. “Aux Etats-Unis, les routes sont en mauvais état et les 62 000 ponts, aussi, car il n’y a eu aucun investissement en vingt ans“, explique Jean Vidal. Barack Obama avait lancé un grand programme de 550 milliards de dollars pour la rénovation des infrastructures et les deux candidats à la présidence avaient aussi fait des promesses en ce sens. “C’est Donald Trump qui a promis le plus, alors attendons de voir. Mais pour le secteur, ce serait une bonne nouvelle“.
5/ Rester innovant
Servir de référence dans son domaine, c’est aussi proposer des nouveautés, comme Wattway, une route solaire mise au point par Colas en collaboration avec l’Institut national de l’énergie solaire. Après la Normandie, un site pilote a été inauguré dans l’Etat de Géorgie, à la frontière avec l’Alabama. “C’est une vision à long terme qui en est à ses débuts mais qui fait parler de nous, reconnaît Jean Vidal. On reçoit énormément de demandes mais pour le moment, on est en test“.